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La mort de la chanteuse portugaise Misia

La chanteuse portugaise Misia est morte le 27 juillet dans un hôpital de Lisbonne des suites d’un cancer, diagnostiqué en 2015. Elle avait 69 ans. Son décès a été annoncé par la ministre de la culture du gouvernement portugais, Dalila Rodrigues, qui a salué « une voix fondamentale dans le renouveau du fado ». A l’instar de Mariza, d’Ana Moura, de Cristina Branco ou de Lina, Misia s’appliquait effectivement à en renouveler le genre. Elle chantait magnifiquement le fado, mais elle s’autorisait aussi des digressions. Sa voix intense se glissait à merveille dans le vocabulaire émotionnel du genre, qu’avait magnifié et porté dans le monde l’iconique Amalia Rodrigues (1920-1999).
Le nom sous lequel Misia fait carrière évoque Misia Sert (1872-1950), pianiste française d’origine polonaise (Marie Sophie Olga Zénaïde Godebska), amie de Ravel, de Proust et de Picasso. Née Susana Maria Alfonso de Aguiar, d’une mère catalane et d’un père portugais, à Porto, dans le nord du Portugal, le 18 juin 1955, Misia commence une carrière de chanteuse en abordant d’abord divers styles mais parfois aussi dans des maisons de fado, en amatrice.
Peu avant ses vingt ans, elle part pour l’Espagne. Se pose à Barcelone d’abord, puis à Madrid. Elle s’y implique dans différentes productions de musique, de danse, de music-hall, à la télévision. Au début des années 1990, le fado lui intime de revenir au Portugal. Le désir de le chanter devient pour elle une évidence.
Elle s’installe à Lisbonne, là même où le genre s’est épanoui au XIXe siècle dans les nuits de l’ancien quartier maure de la Mouraria. Elle s’entoure de musiciens, commence à se construire un répertoire, travaillant avec des paroliers, des poètes – certains, comme le Prix Nobel de littérature José Saramago (1922-2010), écrivent spécialement pour elle – et des compositeurs, contemporains ou du passé.
Misia respecte l’orthodoxie de ce « chant de l’âme » du Portugal, mais elle appartient à ces esprits libres qui veulent en renouveler l’expression, lui apporter une touche plus contemporaine. Elle ajoute aux guitares, fondamentales alliées de la poésie et des voix du fado, dont l’emblématique guitare portugaise (douze cordes, une sonorité entre cistre et mandoline, en forme de poire), de nouveaux instruments tels que le violon, l’accordéon, le piano.
Après un premier album, en 1991, portant simplement son nom, elle enchaîne avec Fado (1993), Tanto Menos Tanto Mais (1995), qui obtiendra un prix de l’Académie Charles-Cros, en France, puis Garras dos Sentidos (1998), son premier album conceptuel associant le fado traditionnel à la poésie contemporaine. Suivent Paixoes Diagonais (1999), Ritual (2001), ancré dans la pure tradition fadiste, Canto (2003), sur la musique du compositeur et maestro influent de la guitare portugaise Carlos Paredes (1925-2004).
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